Les nouvelles opportunités d’emploi dans les métiers manuels
Au-delà de l’appel et de l’apprentissage d’un nouveau métier, il est important de se poser des questions sur sa capacité à gagner sa vie grâce à son nouvel emploi au sein des métiers manuels qui offrent des salaires intéressants. Aujourd’hui, l’image que l’on a de l’artisanat est moins dépassée et on accorde plus de valeur au travail manuel, qui a pris un caractère beaucoup plus prestigieux, » explique Édouard Eyglunent, co-fondateur de Wecandoo, une plateforme qui rassemble des artisans proposant des ateliers d’initiation immersifs au grand public.
Avec la pandémie, nous avons assisté à une accélération des réservations car nos clients veulent revenir à quelque chose de concret : certains nous demandent même si l’artisan qu’ils vont rencontrer a effectué une reconversion professionnelle afin de lui poser des questions pratiques sur ce sujet.
Les métiers les plus recherchés pour une reconversion
- Céramiques
- Maroquinerie et travail du cuir
- Métiers de bouche (boucherie, fromagerie, boulangerie)
Parmi les professions qui attirent ceux qui souhaitent une reconversion, Édouard Eyglunent mentionne la céramique comme emblématique du travail manuel et plus accessible que la métallurgie ou la verrerie, par exemple. La maroquinerie et le travail du cuir sont également populaires en réponse à la mode jetable et pour s’engager dans des pratiques durables. Les métiers de bouche tels que la boucherie, la fromagerie et la boulangerie sont aussi très prisés.
Les secteurs prometteurs liés à la transition écologique et énergétique
Fabrice Yeghiayan, directeur national du développement à l’Agence Nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes (AFPA), identifie d’autres secteurs très prometteurs, notamment liés à la transition écologique et énergétique : tout d’abord, le secteur de la construction avec des postes tels que carreleurs, plaquistes, peintres, maçons, couvreurs, plombiers, électriciens. Mais aussi la métallurgie, le nucléaire ou les industries aérospatiales avec des fonctions telles que soudure, tuyauterie, chaudronnerie ou câblage. La opportunité se présente donc dans ces domaines en pleine expansion.
« La reconversion professionnelle est une solution aux difficultés de recrutement », souligne Fabrice Yeghiayan. Les entreprises doivent élargir leur vivier de talents pour inclure des profils nouveaux tels que les reconvertis. »
Marie-Pierre Delamarre, conseillère en entreprise à l’agence Pôle emploi Orléans Sud ajoute : « Les employeurs mettent en place des formations pré-recrutement ou réalisent des tests à l’aide de la méthode de recrutement par simulation ».
La féminisation croissante des métiers manuels
Un autre point positif est ce que certains appellent la dégenrification des professions. Sarah Ginesta est devenue carreleuse après avoir étudié à l’Afpa de Perpignan où elle a été formée aux côtés d’une autre femme et de cinq hommes : « C’était très physique au début de faire un ragréage à la main, mais je me suis renforcée ». Parmi les autres processus intéressants, citons les projets de transition professionnelle ou les immersions pré-emploi mises en place par Pôle emploi, qui sont très utiles pour se faire une bonne idée de sa future profession potentielle.
Financement et formation
Pour le financement de la formation, il existe de nombreuses options, allant des comptes personnels de formation aux contrats d’apprentissage ou de qualification, ainsi que des subventions accordées par les régions. Mais avant tout, il est essentiel de se poser les bonnes questions, » rappelle Marie-Pierre Delamarre :
- Quelles sont les professions les plus prometteuses qui correspondent à sa passion potentielle ?
- Quelles formations possibles et nécessaires sont disponibles ?
Devenir son propre patron
En ce qui concerne les principaux écueils, ils peuvent être résumés en termes de conditions physiques et économiques, » explique Sophie Lanini, qui a effectué une reconversion professionnelle vers la cordonnerie : « Ce n’est pas très exigeant physiquement, mais ce qui est fatigant, c’est de travailler 65 heures par semaine ! » Édouard Eyglunent, également co-auteur du livre Vivre de sa passion paru fin 2022, partage son expérience d’entrepreneur : « Il faut se questionner sur le type d’artisanat que l’on souhaite : BtoB, boutique, e-commerce. Par exemple, changer de métier pour devenir son propre patron au lieu d’être employé représente un double défi ! Vous changez de métier et de statut, c’est deux fois plus stressant ».