Dans une étude publiée en 2010 dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences, les économistes et lauréats du prix Nobel Daniel Kahneman et Angus Deaton se sont penchés sur la question de la corrélation entre le revenu et le bonheur.
Afin d’étudier cette problématique, ils ont tout d’abord défini le bonheur ou bien-être subjectif autour de deux concepts : le bien-être émotionnel et l’évaluation de vie. Alors que l’évaluation de vie concerne le jugement des individus sur leur propre existence, elle est mesurée par des questions d’auto-évaluation sur une échelle de 0 à 10.
Une première réponse : l’augmentation proportionnelle du bien-être émotionnel avec le revenu
Les chercheurs américains se sont basés sur une enquête menée par l’organisation Gallup auprès de 1 000 résidents américains afin d’évaluer ces deux notions. En analysant les 450 000 réponses données par les participants, ils en sont arrivés à la conclusion que le bien-être émotionnel augmente proportionnellement au revenu. Ils ont ainsi écrit dans leur article : « Nous concluons qu’un revenu élevé permet d’acheter de la satisfaction dans la vie mais pas le bonheur, et qu’un faible revenu est associé à une faible évaluation de la vie et un faible bien-être émotionnel ».
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Un seuil remis en cause par de nouvelles recherches
Onze ans plus tard, Matthew Killingsworth, de l’Université de Pennsylvanie, publie un nouvel article remettant en question ce seuil de 75 000 dollars de revenu annuel. S’appuyant sur plus de 1,7 million de réponses données par 33 391 employés américains concernant leur bien-être transmis via une application, il affirme que le bien-être expérimenté augmente avec le revenu et peut même continuer à croître avec un revenu bien au-delà de 200 000 dollars par an.
L’effort pour concilier des résultats divergents
Deux ans plus tard, Daniel Kahneman et Matthew Killingsworth décident de s’allier pour tenter de concilier leurs travaux respectifs. Selon eux, il existe une minorité malheureuse dont le malheur diminue avec l’augmentation du revenu jusqu’à un certain seuil, mais ne progresse ensuite plus. Pour la majorité des répondants, en revanche, le bonheur continue d’augmenter avec le revenu, même dans les tranches de revenus les plus élevées. Toutefois, ils notent que la relation entre revenu et bien-être est faible.
Le rôle modeste de l’argent dans la quête du bonheur
« L’argent n’est qu’un des nombreux déterminants du bonheur », explique Matthew Killingsworth sur le site de son université. Cette affirmation vient ainsi nuancer l’idée que le revenu serait le facteur principal du bonheur chez les individus et souligne l’importance d’autres éléments tels que la santé, les relations sociales ou encore l’épanouissement personnel.
- Les recherches montrent une corrélation entre revenu et bien-être, mais celle-ci est faible.
- Un seuil de revenu annuel à partir duquel le bien-être n’augmente plus a été remis en cause par de récentes études.
- D’autres déterminants du bonheur doivent être pris en compte pour comprendre cette relation complexe.
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